
Le questionnaire d'action du système : Sophie Aguilera, artiste et sculptrice
- Commençons par le début... Comment avez-vous commencé à travailler la céramique ?
J'ai toujours rêvé d'une carrière créative. J'ai étudié les Beaux-Arts et me suis d'abord orienté vers la scénographie et la direction artistique. J'ai travaillé plusieurs années comme assistante costumière et accessoiriste sur des productions théâtrales. J'ai également eu la chance de
Collaborer avec des entreprises renommées telles que Dagoll Dagom, où j'ai appris
parcelle.
En pleine crise financière et pour des raisons personnelles, j'ai déménagé à Madrid. N'ayant pas de travail à l'époque, j'ai commencé à fréquenter l'atelier de mon oncle, céramiste professionnel. Jusque-là, j'avais travaillé l'argile, mais je ne connaissais pas ce métier.
C'est alors que j'ai découvert un matériau noble et polyvalent qui m'offre une infinité de possibilités esthétiques et créatives. La céramique est exigeante et demande de l'engagement ; c'est une course de fond qui apprend la patience mais nourrit aussi la curiosité. C'est aussi un matériau de métier, c'est pourquoi je partage mon parcours et mes connaissances avec des artisans et des potiers, m'éloignant ainsi de la superficialité et des égos démesurés de l'art contemporain. La céramique exige de l'humilité, et j'aime ça.
- Qu'est-ce qui vous inspire dans la création de vos pièces ? Avez-vous une pièce préférée ?
Ma pièce préférée est toujours celle qui n'est pas encore arrivée, car elle incarne le possible, et c'est toujours passionnant. Je pense que l'inspiration et la créativité se cultivent et se cultivent chaque jour. Le travail est profondément lié à l'observation et au bagage esthétique que chacun a construit : son histoire personnelle, ses expériences, ses affections et ses désaffections.
Tout cela devient matière à création, une manière particulière de voir et d'interpréter le monde. Dans mon cas, un livre, un poème, une image captivante ou un souvenir peuvent m'inspirer.
- À quoi ressemble une journée type dans votre studio ?
Je ne suis pas du matin, j'arrive donc généralement à l'atelier entre 10 et 11 heures. Je commence par planifier les tâches de la journée, qui peuvent varier entre tâches administratives, réponses aux clients, production artistique, ou tâches plus physiques, comme le chargement et le déchargement des fours ou le recyclage de l'argile. Le rythme de la céramique est très précis, chaque étape requiert donc son propre rythme. Une chose que je fais systématiquement en quittant l'atelier est de laisser tout propre et rangé.
Rien ne me procure plus de plaisir que de retrouver un espace propre et organisé où je peux commencer à mieux travailler. Mon amour de l'espace est fondamental dans mon processus créatif.
- Sur quoi travaillez-vous actuellement ou quel est votre prochain projet ?
Je travaille actuellement sur une collection de nouvelles pièces pour deux expositions cet automne. L'une d'elles aura lieu à Paris, et j'en suis très enthousiaste.
- Y a-t-il un artiste ou un mouvement qui vous a particulièrement influencé ?
De nombreux artistes m'inspirent et ont influencé ma carrière, mais ceux qui me motivent et m'influencent le plus sont mes collègues. J'essaie toujours de m'entourer de personnes dont j'admire le travail et dont j'apprécie profondément le talent. Observer leur travail, leur persévérance et leur dévouement dans chaque projet me pousse à m'améliorer et à grandir continuellement en tant qu'artiste. Je crois que l'interaction avec d'autres créateurs est essentielle pour enrichir le processus créatif et entretenir ma motivation.
C'est une carrière difficile, pleine de défis et de frustrations, et partager l'expérience avec d'autres artistes aide beaucoup à les affronter et à trouver un soutien mutuel tout au long du chemin.
- Que voudriez-vous que quelqu’un ressente lorsqu’il voit l’une de vos pièces pour la première fois ?
Je souhaite contribuer à votre expérience esthétique. J'espère que mon travail suscitera une connexion sensible, attisera la curiosité ou suscitera la conversation. La beauté est au cœur de ma pratique, non pas comme un élément superficiel, mais comme une forme de résonance, une rencontre entre l'œuvre et le spectateur.

Questions courantes
- Avez-vous eu des expériences embarrassantes en raison de votre choix de tenue ?
Rien ne me vient à l'esprit en ce moment. Ce qui m'arrive souvent, c'est que je suis toujours couvert de boue et de poussière, mais je n'ai pas d'autre choix que de vivre avec. Parfois, un travail où je peux m'habiller avec élégance me manque, mais ce n'est pas le cas. Je dois toujours aller à l'atelier confortablement et porter des vêtements qui peuvent se salir.
- Quel est le vêtement le plus ancien que vous possédez et que vous n’avez pas encore jeté ?
Un haut à paillettes turquoise des années 70. C'est un vêtement qui appartenait à ma mère et je l'adore.
- Un style avec lequel vous vous sentez (très) identifié
Je ne sais pas si j'ai un style bien défini. J'aime la couleur, les imprimés floraux et les matières naturelles comme le lin ou le coton. Pour moi, l'important est que les pièces soient bien réalisées, avec des matériaux de qualité et une attention particulière aux détails. Je crois que le style est ce mélange de formes, de couleurs et de textures qui rend une pièce unique et, en même temps, s'adapte à tous les jours. Je crois aussi que le style est une manifestation tangible de l'identité personnelle, un langage visuel par lequel l'essence de l'individu s'exprime de manière subtile mais puissante.
- Quels changements souhaiteriez-vous voir dans l'industrie de la mode ? Êtes-vous quelqu'un qui analyse ses achats ou qui succombe à la fast fashion ?
J'analyse de plus en plus mes achats. Je m'intéresse à la mode qui s'appuie sur des processus honnêtes, respectueux du temps et des matériaux. En tant que céramiste, j'apprécie les articles faits main et durables. J'aime le travail bien fait.
Concernant l'industrie, j'aimerais voir plus de transparence et moins de pression pour changer de vêtements à chaque saison. D'importants changements législatifs sont à venir concernant le recyclage de tous les déchets industriels produits par le secteur, et je suis convaincu que cela constituera un changement de paradigme majeur. Je suis convaincu que nous assisterons à des recherches créatives sur de nouveaux matériaux durables qui ouvriront des perspectives fascinantes pour transformer les déchets en ressources précieuses, favorisant ainsi une industrie plus responsable et respectueuse de l'environnement.
- Que portez-vous, par exemple, pour aller à l'atelier ?
Quelque chose de confortable que je n'ai pas peur de salir. Généralement un pantalon ample, un t-shirt basique et un tablier en lin.
- Week-end ou vacances : préférez-vous conduire ou être conduit ?
Prends-moi ! Je fais partie de ceux qui ont un permis de conduire majeur et je n'aime pas trop conduire.
- Lorsque vous partez en voyage : séjournez-vous dans un hôtel ou dans un appartement ?
Par principe, je préfère séjourner à l'hôtel. Habitant à Barcelone, j'ai pu constater de visu les tensions immobilières engendrées par les appartements touristiques, alors j'essaie de les éviter lors de mes voyages.
